Quelques généralités sur ces 12 étapes

Partant de Toulouse, je vais rejoindre le col du Somport en 12 étapes en traversant le Gers, un petit bout des Hautes-Pyrénées pour finir dans les Pyrénées Atlantiques et donc en Nouvelle Aquitaine. Je ne vais pas trop vous détailler ces 12 étapes car cela aurait un intérêt limité. Je vous donnerai le nom des villes traversées sans trop m’attarder, sauf pour certaines d’entre elles. Comme vous pouvez le remarquer j’ai un peu changé mon parcours. J’envisageais intialement d’aller à Saint-Jean-Pied-de-Port puis à Roncevaux. En fait, je vais rester sur la voie d’Arles pour la faire entièrement. Les grandes étapes seront donc Auch (D), Oloron-Saint-Marie (J) et le col du Somport (M), qui marquera la fin de la via Tolosana.

Là on part de Toulouse à environ 200m et on monte au Somport à 1640m, le point culminant des routes de Compostelle les plus fréquentées. A priori, il y a en Espagne sur une voie un sommet à plus de 1700m.

Etapes 20 à 22 :  Toulouse (A) – Auch (D)

Tout d’abord, un petit mot sur les 6 pèlerins que nous étions depuis presque 2 semaines, voire depuis le début. Monika, Hervé et Béatrice s’arrêtent à Toulouse. Frédéric avait une contrainte et devait être à Toulouse 2 ou 3 jours avant nous et a donc accéléré le pas. Nous nous retrouvons donc – Thomas et moi – tous les 2 au départ de Toulouse. Cependant nous restons en contact avec le groupe – merci WhatsApp ! – pour se donner des nouvelles et savoir si les uns et les autres ont bien regagné leurs pénates.

Départ matinal de Toulouse vers 7h. Thomas est déjà parti quand je descends. Tout le monde – ou presque – dort encore, et on comprend pourquoi. En passant au rez-de-chaussée, des tas de bouteilles vides jonchaient la table du salon. Etant au 3ème, je n’avais rien entendu, mais il est vrai que bien souvent, tout cela se passe dans une ambiance que je qualifierais d’assez bon enfant, malgré quelques dérapages de certains sur la consommation – disons abusive de vin et d’alcools plus forts. En fait chacun respecte le repos de l’autre.

Auch est à environ 90km de Toulouse, donc direction L’isle Jourdain (B) qui se trouve à environ 38 km et il est vrai que les sorties de ces grandes villes sont assez pénibles. C’est une longue étape mais c’est plat. Près de Blagnac, je traverse Saint-Martin-du-Touch, ancien site des usines Sud-Aviation, desquelles sortit le projet Concorde. Ce quartier de Toulouse héberge aujourd’hui les sites d’Airbus et de ses filières et très probablement de nombreux salariés dans sa zone pavillonnaire et pourrait tout aussi bien s’appeler Airbus City.

Le moulin de Saint-Martin du Touch, bâti au cours du XVIIe siècle, devant lequel je passe est le dernier rescapé des moulins à vent de la ville rose. Partie intégrante du patrimoine toulousain, le moulin a été entièrement restauré de sa toiture à ses ailes, en passant par sa charpente. Avec de si jolies ailes, il est prêt de nouveau à prendre son envol ! Je continue ma route et m’arrête devant un superbe portail, celui du chateau de Pibrac. Ce portail – dit « Portail Henri IV » – fut construit en 1578 à la demande de Guy du Faur de Pibrac en prévision de la venue d’Henri de Navarre, seigneur de Léguevin et futur roi de France. Le portail se présente comme un arc de triomphe dépourvu de tout motif décoratif. Dans chacun des pavillons se trouvait une pièce servant à protéger les concierges des intempéries. Il est classé au titre des monuments historiques. J’arrive alors dans la petite commune de Pibrac et tombe sur une place sur laquelle se trouvent l’église Sainte Marie-Madeleine du XIIIe siècle et en face la basilique Sainte-Germaine. J’ai longuement discuté avec la responsable de la boutique jouxtant l’église. Elle m’a donc parlé de Germaine Cousin, jeune femme née à Pibrac vers 1580 et décédée à l’âge de 22 ans environ. Elle était handicapée et s’occupait de garder les moutons dans une métairie. Elle eut une vie très pieuse. Vers 1640, on retrouva son corps encore intact dans une fosse. Elle fut béatifiée vers 1850 et canonisée vers 1870 à Rome par Pie IX. L’église Sainte Marie-Madeleine est un sanctuaire dédiée à Sainte-Germaine, où ses reliques y sont conservées. Comme vous pouvez le constater sur la photo, le clocher est un clocher-mur ou encore clocher-peigne et qui plus est sur 3 étages. Cette architecture est typique du midi toulousain mais que l’on retrouve également dans d’autres régions.

Je ne vous présente pas l’église Saint Jean-Baptiste de Léguevin qui a le même type d’architecture avec un clocher-mur à 3 étages. J’arrive donc dans le Gers, pour la 1ère fois d’ailleurs, à l’Isle-Jourdain qui a en son centre ville une halle aux grains classée au titre des monuments historiques. Je n’ai pas eu le temps de visiter la collégiale Saint-Martin ni les autres curiosités de son patrimoine. Elle dispose d’une base de loisirs sur le lac près de laquelle se trouve le gîte dans lequel je rencontre de nouveaux pèlerins, Brigitte et son mari Philippe qui vont au Somport puis rentrent chez eux à Pau, Valeria et David 2 jeunes étudiants de Paris qui vont à Pau je crois et Jacky qui vient de Bordeaux et va à Oloron-Sainte-Marie il me semble. Soirée agréable.

Le lendemain matin départ pour Aubiet près de l’Isle-Arnet, étape d’environ 30 km en passant par Gimont, bastide du XIIIe siècle, qui possède un joli patrimoine (halle du XIVe siècle, église Notre-Dame-de-l’Assomption, …) inscrit au titre des monuments historiques sur lequel je n’ai pas eu le temps de m’attarder. Elle possède des conserveries de foie gras de réputation mondiale. Le gîte de l’Isle-Arnet étant fermé nous -Thomas que j’ai retrouvé à Gimont et moi – allons à Aubiet dans un accueil dénommé « Comme à la maison ». Nous arrivons vers 15h et entrons dans ce qu’il est convenu d’appeler une porcherie. Aucun service, aucun contact avec les occupants qui ont diné de leur côté. Et en plus pour un prix exorbitant ! A fuir sans se poser de questions !

Départ pour Auch (D) distante de 23km environ. Vu l’orage qui s’est déversé sur la région la nuit dernière, nous nous attendons au pire dans les chemins en forêts ou dans les champs. Nous sommes amenés à passer entre la lisière d’une forêt et un champ en dévers. Du fait de l’orage, toute la bonne terre – arable probablement – a dévalé la pente et s’est accumulée au pied des champs, ne laissant qu’une terre très certainement argileuse parsemée de cailloux sur toute sa superficie. Il serait temps que nos agriculteurs réalisent que la présence de haies empêcherait ces écoulements de terre. Le résultat est que nous pataugeons dans la boue jusqu’aux chevilles et que pour franchir les 800m de chemin on a du mettre environ une 1/2 heure. J’ai failli à deux reprises laisser mes chaussures dans la boue ! Malgré la plus faible pression qu’il exerçait dans la boue avec sa charette, Thomas a eu toutes les peines du monde à s’en sortir car la boue s’était collée sur les roues. En route on passe à Montegut et on peut visiter de l’extérieur un superbe petit château avec des parties moyenâgeuses. Arrivés enfin à Auch dans un tel état que nous n’osions aller dans un restaurant sales et couverts de boue comme nous l’étions. Nous avons quand même trouvé un endroit pour manger quelque chose.

Nous avons rejoint le presbytère d’Auch, près de la cathédrale, qui fait l’accueil des pèlerins. Auparavant, ce presbytère était un bel hôtel particulier du XVIIe siècle, l’Hôtel d’Astorg. La ville d’Auch, environ 22 000 habitants, dont le gentilé est auscitain, préfecture du Gers, n’est pas une très grande ville mais est agréable avec un patrimoine intéressant. Je vais donc vous en parler en quelques lignes, d’autant plus que j’ai pu la visiter assez longuement du fait que j’ai pris un jour de repos pour soigner mon ampoule et me reposer un peu après ces 3 premières semaines de marche, pratiquement à mi-chemin.

On ne peut pas rater sa cathédrale, on la voit de loin en arrivant : c’est un véritable navire de pierre juché au sommet de la colline et en plus elle est immense : 103m de long, 35m de large, la hauteur de ses voûtes est à 27m et celle de ses tours culmine à 44m. La cathédrale Sainte-Marie d’Auch, édifiée en 1489 sur l’ancienne cathédrale romane, est un sanctuaire marial dédié à la Nativité de Marie. Elle a été consacrée en 1548. Elle est surtout remarquable par une série de dix-huit vitraux réalisés par le maître verrier Arnaut de Moles (XVIe siècle), par les 113 stalles du choeur, sculptées dans le chêne (XVIe siècle), qui continuent la suite des scènes bibliques commencée sur les verrières où on peut admirer 1500 personnages (prophètes, apôtres, sibylles, …) et par le grand orgue de Jean de Joyeuse (XVIIe siècle). Elle est une primatiale qui a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques et est également inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur l’arrière de cette cathédrale on peut admirer la tour d’Armagnac qui, malgré ce nom n’a jamais appartenu aux comtes d’Armagnac, surplombe la vallée du Gers. Haute de 40m, elle fut érigée au XIVe siècle pour servir de prison où chacun de ses 7 étages constitue une cellule. Aujourd’hui c’est un musée qui abrite entre autres les trésors de la cathédrale.

L’escalier monumental a été achevé en 1863. Il permet de relier la ville basse à la ville haute offrant un dénivelé de 35m et 231 marches (j’ai eu le temps de les compter) à monter pour la rejoindre (il y en a 374 au total car il y a une double volée de marches à partir de la statue de d’Artagnan). Puisqu’on parle du plus célèbre des fils de Gascogne, capitaine des mousquetaires du Roi, une statue en bronze datant de 1931 trône en haut de cet escalier monumental et semble veiller sur la ville et sur toute celle vallée du Gers qui coule à ses pieds. La suite de ma visite me mène dans les fameuses pousterles – typiques d’Auch, au nombre de 5 – qui sont des venelles qui reliaient la rivière aux portes fortifiées et permettaient aux habitants de s’approvisionner en eau tout en offrant l’avantage d’être défensives. Elles présentent une très forte dénivellation – comme vous le voyez ci-dessous – et au Moyen Age je pense que ce devait être de véritables coupe-gorge !

Il faut voir la maison Henri IV dans laquelle a séjourné Henri de Navarre (futur Henri IV) avec Catherine de Médicis et Marguerite de Valois (la reine Margot) en 1578. La cour intérieure abrite un magnifique escalier de pierre et de bois. En se dirigeant vers la place principale, on peut voir la maison du XVe siècle, témoignage de l’architecture urbaine médiévale. Et pour teminer, non loin de la cathédrale, le cloitre de l’ancien couvent des Cordeliers.

Il y a encore quelques belles choses à voir, tel le couvent des carmélites transformé en bibliothèque, … Si vous passez par Auch, prenez le temps de vous y arrêter et de consacrer 2 bonnes heures pour voir l’essentiel.

Thomas est reparti le matin et a donc continué seul son périple vers les Pyrénées. Le soir, Stephan m’a rejoint dans le gîte. Il s’est foulé la cheville à cause de la boue omniprésente et je lui conseille d’aller dans une pharmacie pour se faire soigner. J’ai profité de ma journée « off » pour signaler à mon association et à la paroisse d’Auch la façon dont on avait été reçus avant-hier soir au gîte de Aubiet.

Etapes 23 à 28 :  Auch (D) – Oloron-Sainte-Marie (J)

Depuis Auch, il y a environ 160km pour joindre Oloron (J), que je vais faire en 6 étapes, soit entre 25 et 30km pour chacune.

Après cette journée de repos salutaire, me voici donc reparti vers Montesquiou (E), petit village d’environ 600 âmes. Je suis reçu en fin d’après-midi par Françoise, mon hospitalière. Avant d’arriver chez elle, j’étais passé à la mairie où on m’avait composté ma crédential. Elle me fait la visite du propriétaire. Au cours de la discussion, elle me demande ma credential pour la composter. Je lui explique que je l’ai déjà fait composter à la mairie. Que n’avais-je pas dit ? Elle me dit que le seul tampon valable est celui avec la coquille de Saint-Jacques. Pendant un moment, je me suis retrouvé dans les années 50 à Brescello en Italie, vous savez la petite commune rendue célèbre par les démêlés entre Peppone et Don Camillo, le laïc et le religieux !… C’est ici que j’ai rencontré Andrés, pèlerin espagnol qui fait le chemin depuis Toulouse jusqu’à Jaca, installé au seul bar-restaurant-auberge qui accueille les pèlerins. On a discuté un petit moment ensemble et je l’ai laissé vaquer à ses occupations, à savoir écrire des cartes postales. Le soir dîner avec Françoise qui me parle de sa vie avant de venir ici à Montesquiou. En 1967, son mari a repris l’exploitation agricole de ses parents et elle et ses enfants ont donc quitté Lille où elle exerçait son métier. Je me souviens qu’elle travaillait dans une pharmacie mais je ne sais plus si elle était pharmacien ou pas. Elle m’a expliqué que ses enfants entraient au collège en 1968 et que cela tombait bien car venait d’être mis en service un ramassage scolaire pour aller à Mirande située à environ 10km de chez elle.

Le lendemain matin, me voici donc aujourd’hui en route pour Marciac (F). En route, il y a toujours quelques beaux monuments du patrimoine local qui méritent un petit détour et quelques lignes.

Le village de Pouylebon, petit bourg castral fortifié, typique du Gers, date du XIIIe siècle. Le noyau ancien, englobant l’église et le cimetière, était jadis entouré de remparts et percé de deux portes donnant sur une unique rue. La tour-porte (monument classé) est du XIIIe siècle (cf photo de gauche). L’église Sainte-Anne remonte dans ses fondements au Xe siècle. La photo du milieu montre l’église Saint-Christophe de Saint Christaud, classée monument historique et celle de droite la petite église Saint-Martin de Monlezun, dans son écrin de verdure. On retrouve des clochers en forme de tour ou de campanile.

Marciac, ancienne bastide, ville d’un peu plus de 1200 habitants, possède un joli patrimoine dont l’église gothique du XVe siècle Notre-Dame-de-l’Assomption, en cours de restauration, classée au titre des M.H. (cf photo ci-dessous). Au XIXe siècle, la galerie sud du cloître du couvent des Augustins ayant survécu aux guerres de religion est partie aux Etats-Unis suite à son achat par le magnat de presse américain W.R.Hearst et serait aujourd’hui exposée dans son château sur la côte californienne. No comment ! Une partie du cloître a été « restaurée » en fil de fer et je trouve ça assez original (cf photo ci-dessous)

La place centrale où se trouvait l’ancienne halle avec tout autour des arcades, des couverts (cf photo de gauche). De l’ancien couvent des Augustins ne restent que le clocher octogonal du XIVe siècle, la façade et le portail (cf ci-dessous). La façade ouest de l’église des Augustins est inscrite à l’inventaire des monuments historiques.

Marciac est notamment connue pour son festival de jazz de renommée internationale : Jazz in Marciac qui a lieu la première quinzaine du mois d’août et qui a rassemblé plus de 225 000 visiteurs en 2014 ! Je retrouve Andrés rencontré à Montesquiou et les 5 pèlerins rencontrés à l’Isle-Jourdain. On a passé une soirée très sympathique dans ce gîte somme toute assez original (cf photo droite ci-dessus), la Tour Saint-Jacques, la bien nommée!

Départ très tôt de Marciac pour ma prochaine étape à Vidouze (G), distante d’une petite trentaine de km. Peu après, je quitte le Gers et l’Armagnac – même pas bu une goutte ! – pour entrer dans les Hautes-Pyrénées pour quelques kilomètres. Je me trouve alors dans la Bigorre. Je traverse Maubourguet qui est une petite agglomération qui se trouve au bord de l’Adour. Autre petit point de géographie, le méridien de Greenwich passe entre Maubourguet et Vidouze. Je vais donc bientôt être à l’Ouest, au cas où vous ne le sauriez pas encore ! C’est de cette commune que l’on peut aller en direction de Lourdes pour rejoindre le GR78, chemin du Piémont qui rejoint Oloron-Sainte-Marie. J’arrive sous la pluie enfin à Vidouze, commune rurale par excellence. Il a beaucoup plu, mais comme les habitants de la Bigorre s’appellent les bigourdans et les bigourdanes, c’est peut-être pour ça que j’ai eu un vrai temps breton ! Arrivé en tout début d’après-midi, Hervé m’accueille et je m’installe dans ce gîte géré par des particuliers. 5 des 6 pèlerins de la veille arrivent, seul Jacky s’est arrêté à Maubourguet. 2 femmes, Marie et Anne-Marie, d’origine flamande, de Anvers, se joignent à nous et nous partageons tous les 8 le repas – du style spaghetti-tomate-basilic pour ceux qui connaissent leurs classiques – arrosé d’un vin pas trop mauvais, un rosé et un rouge. Le rouge est estampillé Réserve de Compostelle. Je ne sais pas si en le buvant on aura la foi, espérons ne pas avoir de crise de foie !

Départ de Vidouze encore sous la pluie et Hervé nous conseille de passer par la route ou de rester sur la crête car si on suit le GR qui passe près d’un lac, on va s’enliser dans la boue voire complètement patauger. Je dois avouer que j’avais eu l’information par Thomas qui la veille avait fait ce trajet et m’avait déjà mis en garde sur les risques d’inondation près du lac. Il m’avait d’ailleurs envoyé une copie de l’itinéraire qu’il avait pris. Sympa de la part de ce compagnon éclaireur ! Quelques kilomètres après mon départ, je passe à Anoye qui se trouve dans les Pyrénées-Atlantiques et donc en Nouvelle Aquitaine. J’aperçois enfin dans une trouée au sommet d’une petite colline la chaîne des Pyrénées que j’avais aperçue un court instant à Marciac je crois.

J’arrive à Morlaas (H) vers 15h. Le gîte d’accueil des pèlerins est au camping de la ville. Je retrouve Thomas qui a pris ici lui aussi une journée de repos et un peu plus tard Andrés nous rejoint. Soirée entre nous 3 très sympa, Thomas ayant fait les courses pour le repas du soir. Andrés nous parle de son métier – il est notaire à Madrid ou dans les environs – et surtout de son engagement en tant que bénévole dans une association pour faire perdurer les chemins de Compostelle. Il m’a donné un bracelet de tissu sur lequel figurent les symboles du chemin et le texte de son association avec laquelle il a parcouru de nombreux chemins : Associacion de Amigos de los Caminos de Santiago de Madrid qui fait référence aux nombreux chemins qu’il y a en Espagne. Il y a le célèbrissime Camino Frances mais il y a aussi les chemins portugais, anglais, le chemin du Nord (Camino del Norte) , la Via de la Plata (la voie d’Argent), le chemin primitif (Primitivo), … et le chemin qui part de Madrid. Il m’a également offert un pin’s à l’effigie de la coquille avec la silhouette de la communauté autonome de Madrid et les couleurs de son drapeau : rouge avec 7 étoiles blanches. Suite à ses divers pélerinages, il a écrit 3 livres qui racontent ses chemins, livres rédigés en espagnol et qui ne sont pas traduits.

Départ tous les 3 pour Lescar (I), commune de près de 10 000 habitants limitrophe de Pau. Nous sommes maintenant dans le Béarn que je ne quitterai qu’en franchissant les Pyrénées. Je ne sais plus qui m’a recommandé – peut-être Hervé – de faire attention de ne pas mélanger les genres : ne pas dire à un Bigourdan qu’il est Béarnais ni à un Béarnais qu’il est Basque et réciproquement ! Chacun chez soi ! On presse le pas d’une part parce que l’on se prend quelques ondées sur la tête et d’autre part pour essayer d’arriver avant midi pour récupérer les clefs du gîte. En chemin dans la traversée d’une forêt on croise Mario qui fait un assez long bout de chemin avec nous puisqu’il rentre chez lui à Pau après sa promenade matinale de plusieurs kilomètres. Mario, environ 75 ans, est d’origine portugaise. Il habite dans la région depuis 60 ans et a déjà parcouru plusieurs chemins de Compostelle, dont un qui va dans son pays natal. On récupère in extremis les clefs du gîte et Andrés nous rejoint peu de temps après. On va déjeuner dans un food truck installé sur un belvédère – sur les anciens remparts – où des tables sont dressées. Repas acceptable et moment sympa avec une super vue sur la vallée avec en fond d’écran les Pyrénées qui se rapprochent imperceptiblement.

La ville médiévale de Lescar se trouve sur un promontoire rocheux, comme de nombreuses cités médiévales édifiées sur des places défensives. On peut visiter la cathédrale Notre-dame-de-l’Assomption datant du XIIe et XIIIe siècle, édifice roman le plus important du Béarn. En 1929, la crypte renfermant les dépouilles de neuf rois, reines, princes et princesses du royaume de Navarre est découverte dans la cathédrale.

Cathédrale Notre-dame-de-l’Assomption à Lescar

On peut également faire le tour de la ville médiévale en empruntant le chemin des anciens remparts. On débouche sur une placette de laquelle on a une superbe vue sur Pau avec en toile de fond la chaîne des Pyrénées. Plusieurs éléments du palais ont résisté à la destruction, comme la tour de l’Évêché (photo de gauche), qui était un escalier de service, mais la tour carrée de l’Esquirette qui faisait partie des remparts médiévaux a été laissée en ruine et, en quittant les remparts, on découvre la tour octogonale du presbytère qui se trouve place Royale près de la cathédrale (ci-dessous à droite).

L’accueil au gîte s’est très bien passé avec notre hospitalier, ancien pèlerin aussi, qui nous a prodigé quelques conseils pour la suite. Valeria et David nous ont rejoints en fin d’après midi. Ce gîte n’était pas en donativo, mais je ne peux m’empêcher de vous citer ce que j’ai lu sur le livre d’or laissé par un pèlerin :  » J’ai fait un donativo sous forme de fruits secs dans le tiroir à épicerie, n’ayant plus assez de monnaie  » (Grégory – 16/06/23). Etonnant, non ! et en plus il y avait bien un sachet de fruits secs dans le tiroir !

On va donc rejoindre aujourd’hui Oloron-Sainte-Marie (J), au pied des Pyrénées, dernière étape de plaine. Le chemin a été assez pénible avec la pluie et la boue qui rendent certains passages difficiles voire dangereux sur lesquels d’ailleurs Andrés et moi avons chuté à 2 reprises. Dès le départ on longe puis traversons le gave de Pau qui est une véritable furie avec un débit énorme suite aux pluies incessantes depuis plusieurs semaines. Il est complètement gavé d’eau ! On passe à Lacommande, petit village où trône la petite église Saint-Blaise émergeant d’un bouquet de fleurs, classée au titre des monuments historiques. Si on se donne le temps et la peine d’aller voir derrière l’église, on trouve la Commanderie. Un relais hospitalier, construit entre 1115 et 1118, permettait d’accueillir les pèlerins en partance pour Compostelle, qui deviendra plus tard une commanderie – établissement appartenant à un ordre religieux et militaire – et fut classé monument historique sous la dénomination de Commanderie. La commune – qui se trouve sur la route des vins de Jurançon – a rénové l’ancienne maison Lassalle, contigüe à l’hôpital, pour la transformer en gîte d’étape.

Oloron-Sainte-Marie est un point de rencontres de 3 chemins GR653 (voie d’Arles) , GR10 (sentier transpyrénéen entre océan et méditerannée) et GR78 (voie du Piémont). Au départ, il faut faire attention de prendre le bon chemin ! Oloron est un point de départ pour de nombreux pèlerins qui arrivent en train et partent sur un des 3 chemins. Oloron-Sainte-Marie est à la confluence des gaves d’Aspe et d’Ossau qui donnent naissance au gave d’Oloron. Les hospitalières nous ont accueillis à partir de 15h, comme c’est souvent le cas. On a rencontré Jerry, un pèlerin qui arrivait de Lourdes via le GR78. Il est baliseur pour son département des Hautes-Pyrénées et nous a donné moultes explications sur son activité – bénévole bien sûr – durant notre dîner tous les 4, qui était notre dernière soirée avec Andrés.

Oloron a des belles choses à montrer comme la cathédrale Sainte-Marie, l’église Sainte-Croix, l’église Notre-Dame devant laquelle on passe en arrivant, … Située sur le pont du gave d’Aspe, je suis passé devant la stèle de Jules Supervielle, poète de la 1ère moitié du 20e siècle, enterré à Oloron, mais je n’ai pas eu trop le temps de visiter tout ce patrimoine.

Etapes 29 à 31 :  Oloron-Sainte-Marie (J) – Col du Somport (M)

D’Oloron au col du Somport, il y a à peu près 60km. Pour moi, il était hors de question de ne faire que 2 étapes et de toutes les façons je voulais passer la nuit au col pour admirer le coucher du soleil ainsi que son lever. J’avais donc opté pour 3 étapes.

Départ assez matinal d’Oloron pour Sarrance (K) car nous avons environ 21km mais on commence à monter tout doucement, sans gros dénivelés, mais on ne marche quand même plus à 5km/h. Nous faisons nos adieux à Andrés qui prend un car jusqu’à Bedous et ira à pied jusqu’à Canfranc, à quelques kilomètres du Somport, mais du côté espagnol. Ensuite vendredi il se rendra à Jaca pour retrouver son épouse et rentrera ce week-end à Madrid pour reprendre le travail lundi. On longe pendant un moment la RN qui va de Pau à Saragosse, en remontant la vallée d’Aspe dans laquelle on va s’enfoncer pendant les 3 jours que va durer notre chemin jusqu’au col du Somport. On passe au pied d’une falaise ou des engins de travaux publics (pelleteuse et camions) à flanc de montagne sont en train d’extraire de la roche. Là, à coup sûr, c’est pédale douce, sinon c’est le saut de l’ange mais dans un fracas d’enfer ! et il pleut toujours, une pluie fine certes, mais de façon presque incessante . On croise vers 11h une jeune femme qui fait le chemin dans l’autre sens, c’est assez singulier pour être signalé, car je pense que depuis Saint-Gervais, il y a 3 semaines, je n’avais plus croisé d’autre pèlerin. Tout ça pour évoquer que ce chemin n’est déjà pas très fréquenté en allant vers Compostelle, alors ne parlons pas du retour si je peux dire. On prend ensuite le chemin – toujours GR653 – qui longe le gave d’Aspe qui se trouve par endroit très en contrebas. Je marche depuis plus d’une heure avec Jerry, un pèlerin irlandais, arrivé hier de son pays par un vol de Dublin à Bordeaux puis par train jusqu’à Oloron et rencontré vers Saint-Christau je crois, mais il me semble l’avoir entraperçu au Gîte pèlerins. Il continue jusqu’à Bedous, soit au total 30km et le lendemain ira au Somport avec une étape de même distance. J’avoue que certains passages sont redoutables : à cause des pluies torrentielles depuis 5 à 6 semaines, tout a été raviné et il y a eu des éboulements et un arbre a même été déraciné entrainant une partie du sentier. Il faut passer sur environ 30cm de terre avec à droite la montagne et à gauche … rien, si le gave à au moins 20m en bas avec un courant très fort, bouillonnant et tourbillonnant, … passage extrêmement dangereux et pas rassurant car en plus il n’y a rien pour se raccrocher en cas de glissade ! A un moment on grimpe sur des rochers à côté d’une cascade que l’on franchit sur un petit pont de fortune, ouf ! On arrive enfin au bout de ce chemin pour retrouver Thomas et la route qui nous attendent peu avant l’entrée à Sarrance. Après avoir pris un petit encas dans une brasserie au bord de la nationale, on se dirige vers notre gîte et Jerry poursuit seul sa route jusqu’au sien à Bedous.

Dans cette belle vallée d’Aspe, un petit sanctuaire marial accueille les pèlerins depuis le XIVe siècle. Le monastère de Sarrance est un joyau d’architecture au coeur du Haut-Béarn. A noter que ce monastère est en cours de restauration (toiture, cloître, …). Nous sommes accueillis pas un frère, le prieur du monastère. Isabelle, hospitalière de circonstance, m’a donné une quantité d’explications. Elle habite en Normandie et connait très bien cette communauté ainsi que les frères. Lorsqu’elle a su que l’hospitalière qui devait venir a eu un empêchement, elle s’est proposée pour venir ici 1 semaine. Il est administré par une communauté de Prémontrés. Qui d’entre vous qui me lisez, connait l’ordre des Prémontrés ? Oui, je sais mes amis de l’association qui ont marché sur la voie Podiensis connaissent cette communauté. Je vais donc vous en parler, en essayant d’être bref, si c’est possible …

La communauté des frères qui habite ce lieu appartient à l’ordre des Chanoines réguliers de Pémontré, fondé au XIIe siècle par saint Norbert – né à la fin du XIe siècle à Xanten près de Cologne (saint Norbert est contemporain de Bernard de Clairvaux un des fondateurs de l’ordre des cisterciens à l’abbaye de Cîteaux (Bourgogne)). Prémontré est un vallon situé à une vingtaine de km à l’Ouest de Laon (Aisne) et c’est là que saint Norbert a crée cette communauté qui a donc pris le nom du lieu où fut construite la 1ère abbaye, classée au titre des monuments historiques, et après avoir été rachetée par le département est devenue un hôpital. Norbert était archevêque de Magdebourg (Saxe), ce qui peut expliquer que cet ordre est surtout répandu dans le Nord de l’Europe, en Belgique (abbaye de Leffe – je vois tout de suite à quoi vous pensez !) et en Allemagne. La langue transfrontalière est le latin. Dès le début, des communautés de femmes firent leur apparition dans des couvents administrés par des prieures. Les soeurs – les norbertines – tiennent l’hôpital pour les pauvres, les malades et les voyageurs. Cette communauté applique la règle de Saint Augustin, qui était prêtre bénédictin. En France, la maison mère aujourd’hui à Mondaye – qui signifie « Le Mont de Dieu » – près de Bayeux en Normandie est une abbaye fondée au début du XIIIe siècle. Les Prémontrés sont venus en ce lieu en 1343, pour desservir le petit sanctuaire de la Vierge de Sarrance et accueillir les pèlerins nombreux qui venaient chercher près de Notre-Dame, réconfort, paix et guérison. Le monastère a été fermé en 1792 lors de la révolution. Les frères prémontrés sont une communauté assez confidentielle. A Mondaye, il y a 20 frères. Il y a d’autres prieurés, à Conques – sur le chemin du Puy-en-Velay – il y a 8 frères, à Sarrance 6 et à Tarbes 4. En gros, cette communauté compte une cinquantaine de frères. Elle est encore présente en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Tchéquie et si vous avez l’occasion d’aller dans ces pays, certains des monastères valent amplement le détour. D’ailleurs les reliques de saint Norbert se trouvent dans l’abbaye de Strahov qui surplombe Prague. Ses membres ne sont pas des moines (qui suivent eux la règle de saint Benoît) mais des chanoines (qui suivent eux la règle de saint Augustin) et leur forme de vie est canoniale (communautaire et apostolique). Les frères – pour la plupart – sont ordonnés prêtres et ont une vie pastorale hors du monastère (ils vont dire l’office dans les paroisses avoisinantes). Pour les reconnaitre ils sont vétus d’une bure blanche en laine. Ayant fait quelque part voeu de pauvreté, par raison d’économie, ils ont choisi de ne pas la teindre contrairement à celle d’autres congrégations qui est marron ou noire. L’ordre s’est progressivement ouvert au monde : en Afrique, en Inde, en Amérique, … et la famille prémontrée compte environ 1400 membres (frères, soeurs, profès et novices, …). La communauté a fêté en 2021 ses 900 ans d’histoire.

Vous pouvez voir ci-dessous le monastère – suivant un plan en U – le charmant cloître en cours de restauration et le lieu de vie.

Départ de Sarrance assez tôt car nous avons un peu plus de 22km à faire pour atteindre Borce (L) et du fait de l’état des chemins, préférons partir de bonne heure. On monte le long du chemin pendant 10′ de 40 à 50m environ puis aussi soudainement on redescend d’autant pour nous retrouver presqu’au bord du gave et cela pendant environ 2h de ces espèces de montagnes russes sur un chemin de 50cm de large et parfois moins. On passe devant une espèce de cabane en pierre qui semble abandonnée. Je ne peux m’empêcher de penser à ce que Henri Vincenot écrivait sur la présence – au Moyen Age – de refuges ou de gîtes sur le chemin près d’un cours d’eau. Peut-être en était-ce un ou celui d’un anachorète ! Après une marche difficile sur le chemin en bordure du gave, on fait une petite pause à Bedous et les gens que nous rencontrons nous conseillent tous de rester sur la route car à certains endroits le chemin s’avère très dangereux suite aux pluies diluviennes récentes. Il commence à faire un peu meilleur et le soleil fait enfin son appartion vers 11h. Dans cette région on peut apercevoir la Marie Blanque, vautour d’Egypte qui a donné son nom au col entre la vallée d’Aspe et celle d’Ossau. On peut aussi apercevoir de drôles d’oiseaux qui ne sortent que lorsque les ascendances thermiques le permettent, ce qui est le cas aujourd’hui. Ils s’élancent des sommets environnants suspendus à d’immenses ailes au plumage multicolore toutes plus belles les unes que les autres.

Au loin, la chaîne des Pyrénées apparaît dans toute sa spendeur et dans toute sa majesté. Sur fond de ciel bleu, on voit distinctement ses dents acérées comme une énorme mâchoire qui va déchiqueter les fragiles nuages poussés par le vent qui ont l’imprudence de s’aventurer trop bas. Ces dents qui crénellent l’horizon se dressent comme le rempart d’une monumentale forteresse entre l’Espagne et la France. Je ne sais ce que défend cette muraille, peut-être quelque château en Espagne ? C’est tout simplement grandiose !

On arrive au gîte communal de Borce, charmant petit village bâti en pierre du pays, qui postule depuis quelque temps pour faire partie des plus beaux villages de France. On est passé d’une altitude de 300m environ à Sarrance à 700m à Borce.

Le matin en partant de Borce, on marche longtemps à l’ombre et même en ce début d’été le soleil ne fait qu’une brève apparition au fond de la vallée. les rayons du soleil n’ont commencé à inonder la vallée que vers 10h30 au moment où on quittait la route qui allait vers le tunnel du Somport pour prendre le chemin qui suit la route qui monte au col.

On a donc la montagne d’un côté et la route de l’autre. La pierre est froide et mouillée, l’eau suinte de toute part de la roche. La montagne pourtant parfaitement immobile transpire de tous ses pores, interstices, fissures, c’est impressionnant ! Je ne sais combien de m3 s’écoulent chaque jour. On comprend mieux l’importance de bien drainer les murs et autres édifices pour pallier les immenses forces engendrées par la poussée de l’eau.

Peu de temps après notre départ, on passe au dessous du fort du Portalet. C’est un fort de montagne de la vallée d’Aspe construit au milieu du XIXe siècle pour protéger la route du col du Somport.  Il servira de lieu de détention pour des personnalités politiques puis brièvement, après guerre, pour le maréchal Pétain du 15 août 1945 jusqu’à son transfèrement à la forteresse de l’ile d’Yeu le 16 novembre 1945 . Devenu monument historique, il est en cours de restauration et ouvert à la visite. On fait une petite halte à Urdos – dont vous apercevez ci-dessous l’ancienne gare de la ligne de chemin de fer dont je vous parlerai demain – et là encore on nous déconseille de prendre le chemin. On prend donc la route et par chance il n’y a pas trop de camions à cette heure encore matinale. A un moment sur environ 1km on est dans une espèce de défilé et nous ne sommes séparés du gave qui est à 30 ou 40m en contrebas que par un garde-corps qui m’arrive aux genoux !

L’approche est totalement différente de celle rencontrée sur les plateaux du Haut Languedoc. Comme évoqué dans un précédent chapitre, à la sortie de Saint-Guilhem-le-Désert, on fait 1 à 2 km et on se retrouve dans une espèce de cirque entouré de montagnes et la seule solution est de monter à flanc de montagne. Ici, depuis Oloron, on s’enfonce dans la vallée d’Aspe en longeant le tumultueux gave éponyme jusqu’au col du Somport sur une soixantaine de kilomètres. Lentement et petit à petit, la vallée se resserre pour finalement n’avoir pour seule échappatoire que de franchir le col pour passer de l’autre côté, je veux dire en Espagne bien sûr ! Il faut donc monter car c’est la seule porte de sortie, en empruntant peut-être encore une rue du bout du monde !

On arrive en fin de matinée au col du Somport à 1640m qui se trouve sur la commune de Candanchu, station de sport d’hiver espagnole. De là-haut, on a une superbe vue sur les montagnes environnantes qui culminent à 2500m voire davantage.

Je passe en Espagne 200m avant le col où se trouvent le poste frontière, bien entendu déserté, et une stèle commémorative de l’inauguration de la route impériale 154 devenue RN134. Ce col fut sans conteste la voie la plus populaire pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, jusqu’à ce qu’au XIIe siècle la pacification des zones contrôlées par les bandits navarrais ou basques fasse de la voie relativement plus aisée passant par le col de Roncevaux un chemin plus sécurisé. 

Tel une espèce d’arc en ciel, ce somptueux coucher de soleil sur la vallée annonciateur de la nuit qui est en train de baisser lentement le rideau sur la via Tolosana que je viens de terminer en arrivant au col du Somport. Fin du 1er acte !