Quelques généralités

Avant que de m’engager sur ce long périple, je ne pouvais pas manquer cette occasion de visiter cette ville, qui mérite que l’on s’y attarde.

Arles – de son ancien nom Arelate – est une ville de 50 000 habitants située là où prend naissance le fameux delta du Rhône. C’est de loin la plus grande commune urbaine de France métropolitaine par sa superficie (77 000 hectares), car elle englobe une large part (la moitié environ) de la Camargue.

Arles, à l’instar de sa voisine Nîmes la Gardoise, a conservé intacts les vestiges romains arène, théâtre, … qui se trouvent tous sur la rive gauche du Rhône. Arles – appelée autrefois la petite Rome des Gaules – est célèbre pour son remarquable patrimoine antique et ses monuments médiévaux, listés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Si on y ajoute son lacis de ruelles pittoresques, son ambiance provençale, le souvenir du séjour de Vincent Van Gogh et le parc naturel régional de Camargue, on obtient une des villes les plus incontournables à voir en région PACA !

Tout d’abord son patrimoine

A quelques dizaines de mètres d’où je loge, se trouve l’Amphithéâtre romain, construit à Arles vers l’an 80 après J.C.  et qui est le monument le plus emblématique de la ville ! Au moyen âge, les habitations pour se protéger des assaillants ont été construites à l’intérieur, a priori sous les voûtes, un peu – si j’ai bien compris – à l’instar des habitations troglodytes. Elles furent détruites sur ordre de François 1er, mais il subsiste encore 2 des 4 tours que l’on aperçoit sur la périphérie et dont l’une est visible sur la photo. Au début du 19ème siècle des spectacles taurins lui valurent l’appellation d’Arènes. Elles sont les mieux conservées après celles du Colisée à Rome. Le climat – semble-t-il – serait propice à cette conservation. Construit à la fin du 1er siècle avant J.C., le Théâtre antique romain a été restauré. Il est situé à 2 pas de l’Amphithéâtre (cf photo de la vue d’ensemble de Arles sur laquelle vous apercevez l’Amphithéâtre et à gauche le Théâtre antique) et c’est l’un des lieux incontournables à visiter lors de votre passage à Arles. Aujourd’hui, dans les Arènes et dans le théâtre on peut assister à divers spectacles comme des représentations théâtrales, des concerts ou des expositions comme les Rencontres Internationales de la Photographie, …

Je me suis ensuite dirigé vers la place de la République pour visiter l’église et le cloître Saint-Trophime, qui fait partie de la cité épiscopale d’Arles. La cathédrale Saint-Trophime, constitue, avec son cloître, l’ensemble roman le plus remarquable de Provence ! (cf photo de la vue d’ensemble de Arles sur laquelle vous apercevez à gauche du Théâtre antique, le clocher de la Cathédrale Saint-Trophime). Elle doit son nom à Saint-Trophime, premier évêque d’Arles, au IIIe siècle. La cathédrale, dont la construction a débuté au XIe siècle et s’est achevée au XVIIIe siècle abrite de nombreux trésors architecturaux, comme son portail sculpté et son cloître. Cette église a été à la fois Primatiale, Cathédrale et Basilique. En 417, le pape accorda à l’évêque d’Arles l’autorité sur l’ensemble des églises de Gaule, qui devint de fait le 1er Primat des Gaules. Cette charge est aujourd’hui transférée à Lyon – comme vous le savez tous – où siège le Primat des Gaules. Ce n’est plus qu’un titre honorifique qu’a d’ailleurs eu un cardinal pour le moins peu honorable ! C’est aussi une Cathédrale, car l’évêque y avait son siège, la cathèdre (cf photo). Et c’est enfin une Basilique, distinction accordée à une église importante.  A gauche en entrant, sur des piliers, on peut voir la signature des compagnons bâtisseurs qui étaient payés à la tâche et donc signaient leur travail par une initiale ou un dessin que l’on retrouvait au fur et à mesure qu’ils se déplaçaient, leur marque de fabrique en quelque sorte (le logo avant l’heure !). Et enfin, le tympan qui est un chef d’œuvre de l’art roman. Il fut construit au 12ème siècle à l’instar d’un arc de triomphe antique. C’est un tympan de style pur roman mais influencé par la romanité.

Juste à côté, en sortant, on va visiter le cloître Saint-Trophime qui fut terminé au XIVe siècle. Ce dernier, classé aux Monuments historiques, est célèbre pour ses belles sculptures bien conservées. De là, on aperçoit le clocher de la cathédrale. Après la visite, on peut accéder à la terrasse.

En face, sous l’hôtel de ville, se trouvent les Cryptoportiques (cf photo ci-dessus). Ce sont des galeries souterraines construites afin de permettre la construction du Forum romain. Elles ont servi de fondation et, pour s’adapter au terrain en pente, les voûtes ont des hauteurs différentes. Près des entrées, on trouve des boutiques, une espèce de galerie marchande avant l’heure, et plus tard elles ont servi de cave et même de prison.

… et le départ de la voie d’Arles

Un peu plus loin, on découvre les Alyscamps, « Champs Elysées » en provençal, qui sont une nécropole antique et médiévale païenne puis chrétienne. L’allée des Alyscamps qui subsiste aujourd’hui a été aménagée par les religieux Minimes au XVIIIe siècle. En 1888, Van Gogh et Gauguin sont venus peindre dans ces romantiques « Champs Elysées ». C’est un endroit assez particulier à voir en se promenant au milieu de sarcophages. L’église Saint-Honorat – sur le site des Alyscamps – contient les Reliques de Saint-Honorat, évêque d’Arles au début du Ve siècle. Les pèlerins venaient aux Alyscamps se recueillir et toucher la sépulture de Saint-Honorat, objet d’une vénération assidue, avant de s’engager pour le chemin. C’est d’ici que démarre la voie d’Arles vers Compostelle

Le musée d’art antique que je n’ai pas visité comporte la 2ème plus grande collection de sarcophages de l’antiquité au moyen âge après celle du Vatican.

Je n’ai pas eu le temps de visiter Les Thermes de Constantin, construits au début du IVe siècle après J.C., site classé Monument historique et au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

La fondation Vincent Van Gogh était fermée à cause de l’accrochage d’une exposition démarrant début juin, mais à l’Office de Tourisme on m’avait dit qu’en fait assez peu de toiles étaient présentes. La plupart de ses œuvres (24 au total) se trouve au musée d’Orsay à Paris. L’espace Van Gogh est – quant à lui – un jardin d’agrément situé dans l’ancien Hôtel-Dieu. Donc pas de regret!

J’ai donc pas mal déambulé dans cette ville antique. Tout se fait bien entendu à pied et une demi-journée suffit à voir l’essentiel. A noter que certains monuments sont gratuits pour les pèlerins détenteurs d’une crédential.

Les environs d’Arles

Aux portes de la ville de Arles, à une dizaine de kilomètres, Fontvieille – située au cœur du parc naturel régional des Alpilles – se trouve sur la route de Arles à Salon de Provence en prenant des chemins de traverse. On peut s’y rendre en car depuis la gare routière de Arles ou à pied comme je l’ai fait. La route (D17) n’est pas très agréable – voire dangereuse – car il y a peu de place pour marcher et elle est très fréquentée. Il faut environ 2 heures pour s’y rendre mais on ne peut pas passer devant l’abbaye de Montmajour à mi-chemin sans s’y arrêter.

Cette route que j’ai empruntée est l’ancienne voie Domitienne – Chemin de Saint-Jacques – qui va d’Italie en passant par les Alpes à Arles. Les jacquets rejoignaient Arles et rendaient visite au corps du bienheureux Trophime.

L’abbaye de Montmajour

Au Xe siècle une communauté de moines bénédictins se fixe sur le mont Majour. Ils édifient au milieu du XIe siècle la chapelle Saint Pierre, puis une église abbatiale. La relique de la vraie croix conservée dans sa crypte attire une foule de pèlerins amenant la construction de la chapelle reliquaire Sainte Croix à l’extérieur de la clôture au XIIè siècle. À l’intérieur, vous pourrez ainsi visiter l’église Notre-Dame, le cloître de Montmajour, la tour de l’Abbé, en haut de laquelle on bénéficie d’une vue imprenable sur la plaine de la Crau, l’ermitage Saint-Pierre et la chapelle Sainte-Croix. L’ensemble monastique bénédictin, bâti sur plusieurs siècles, mêle des formes architecturales romane, gothique et classique.

L’abbaye bénédictine de Montmajour a été la source d’inspiration d’artistes célèbres tels que Vincent Van Gogh. Si vous avez l’intention de visiter Arles, il faut absolument aller voir ce fabuleux monument national, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.

Le moulin de Daudet à Fontvieille

Le village de Fontvieille porte le nom d’une discrète source d’eau qui coule en contrebas. Le passé prestigieux de la vallée des Baux nous a transmis un patrimoine unique qui fait de Fontvieille d’aujourd’hui une terre de moulins : avec ses moulins à vent et le moulin d’Alphonse Daudet, ses vestiges antiques de moulins à eau et les moulins à huile d’olive et à farine de ses producteurs locaux.

Jeune journaliste parisien d’origine nîmoise, Alphonse Daudet revint dans le sud poussé par le désir de retrouver une atmosphère, une ambiance qu’il croyait avoir perdues dans la capitale de la culture et des arts que représentait Paris. Il était aussi enthousiasmé par l’invitation qu’avait faite un de nos plus prestigieux écrivains, Frédéric Mistral qui était venu à Paris.

C’est sur une colline parsemée de garrigue que se dresse le moulin Ribet, fameux moulin à vent rendu célèbre par Alphonse Daudet dans Les Lettres de mon Moulin. Il fut construit en 1814 et broya du blé pendant un siècle puisqu’il arrêta de fonctionner en 1915. Contrairement à la légende locale, Daudet ne l’a jamais habité. C’est au château de Montauban qu’il a résidé, mais ce moulin l’aurait inspiré pour écrire « Le secret de Maître Cornille », l’une des nouvelles du recueil « Les Lettres de mon moulin » publié en 1869. Après la visite, on peut redescendre vers le village en empruntant le sentier des moulins, une belle promenade d’environ une heure, où j’ai pu admirer trois autres moulins : le moulin Sourdon, le plus vieux des 4 moulins, le moulin Ramet et le moulin Tissot-Avon, mais aussi le Château de Montauban qui accueille le musée Alphonse Daudet.

Pour faire cette balade hors les murs dans cette plaine des Baux, comptez une demi-journée.

Et bien sûr, mes rencontres

Myriam, chez qui j’ai logé, est belge, originaire de Bruxelles et a quitté sa terre natale pour venir s’installer à Arles, je crois sur cette voie de Compostelle dans le but d’accueillir des pèlerins, mais à titre privé. Elle fait partie de l’association Accueil des Pèlerins des Chemins d’Arles (APCA), qui pallie parfois le manque de place à l’auberge de jeunesse de Arles (plus de 120 couchages), pour une somme équivalente. Cette possibilité qui est offerte aux pèlerins permet d’avoir des échanges intéressants avec des particuliers, la plupart pèlerins eux-mêmes, puisque Myriam va terminer cette année la Francigena, voie qui relie Canterbury à Rome en passant par la France (d’où son nom) et par la Suisse.

Myriam a été hospitalière à l’abbaye de Conques pendant de nombreuses années, pendant des durées d’environ 2 semaines si j’ai bien compris. Être hospitalier est d’abord un engagement bénévole. Les vacations sont au minimum d’une semaine. Dans la plupart des gites pour pèlerins, il y a un hospitalier chargé de faire l’accueil, de préparer le petit déjeuner (rarement de demi-pension, mais une cuisine est à disposition), de s’occuper des diverses tâches ménagères, …Ils ont le gite, mais pas le couvert. Le fameux dicton du moyen âge :  qui dort, dîne ne s’applique pas à eux. Par exemple à Conques il y a en permanence 6 hospitaliers, mais il faut dite que l’Abbaye peut accueillir une centaine de pèlerins ! la cuisine centrale de l’Abbaye est en charge du diner. Ce ne sont pas des vacances : lever 6h30 et coucher pas avant 22h ! Avis aux amateurs !

Elle connait très bien Arles, puisqu’elle y habite depuis plus de 6 mois maintenant et m’a donné de précieuses informations sur son histoire antique et médiévale, en particulier sur les Alyscamps qui ont, pour nous pèlerins, une résonance particulière.

C’est elle qui m’a recommandé en sortant de Arles de prendre la variante qui longe le petit Rhône par la digue jusqu’à Saint-Gilles-du-Gard. Le GR653 suit la départementale, route qui relie Arles à Montpellier en passant par Saint-Gilles et Lunel, mais est très passante. Je vais donc suivre ses recommandations.

Je ne pourrais terminer sans vous parler de l’adorable grand père qui tient la petite boutique située à l’entrée de la Cathédrale Saint-Trophime. Il m’a expliqué plein de choses passionnantes que j’ai notées et vous retranscris du mieux possible. Il m’a dit qu’il avait tout son temps et m’a fait faire une visite presque privée. C’est grâce à lui par exemple que j’ai pu vous parler des signatures des compagnons sur certains piliers, que je n’aurais très certainement pas vues.

Que tous les deux en soient remerciés pour leur accueil, leurs précieux conseils et leur dévouement.

Il y a tant et tant de choses à dire sur Arles et sa région, mais je dois partir ! Je referme donc ce petit chapitre sur Arles qui m’a enthousiasmé et m’a conforté dans mon choix de ville de départ. Je pense que cela m’a donné en quelque sorte du baume au cœur pour prendre le chemin